version française / please read in English below
Cette semaine, je suis tombé sur un post Instagram d'Aaron Rose. Il a partagé les vidéos qu'il a produites pour MTV dans les années 90 avec une installation en direct de Spencer Tunick et le tout premier court-métrage d'Harmony Korine. Il est plutôt inimaginable de trouver ces vidéos publicitaires sur les flux de médias sociaux des adolescents, sans parler de leur diffusion à la télévision, de nos jours. Mais pourquoi serait-ce le cas ?
Alors que les possibilités numériques de consommation de l'information et de la connaissance s'élargissent, la manière dont ces opportunités sont gérées et promues manque de plus en plus de profondeur et de touches personnelles.
L’algorithm is a dancer
En 2008 Youtube présentait des videos, qui étaient à l'origine sélectionnées par des éditeurs humains. La plateforme affirmait que les "œuvres originales" étaient mises en avant et qu'elle favorisait les créateurs, tout en refusant une "formule magique" qui valorisait le nombre de vues et autres. Sept ans plus tard, les vidéos sélectionnées ont été remplacées par un onglet de "Tendance", une liste de vidéos populaires générée par un algorithme et constamment mise à jour, classée en fonction du nombre de vues et de la vitesse à laquelle la vidéo génère des vues. Aujourd'hui, les humains n'aident qu'à éliminer les contenus inappropriés et trompeurs. Début 2021, la huitième vidéo la plus populaire selon les tendances de Youtube voit un duo demander à ses followers de "commenter ci-dessous" six fois en 22 minutes 1.
Outre les tendances de popularité, les plateformes, dont certaines proposent de l'éducation, appliquent également l'expérience algorithmique " Netflix ou Amazon " :
Vous venez de terminer de regarder / acheter / apprendre "Y", pourquoi ne pas jeter un coup d'œil à "X" ?
La chaleur humaine
Ces approches obligent souvent les créateurs de contenu et d'enseignement en ligne à faire à peu près n'importe quoi pour attirer l'attention des algorithmes afin de créer des tendances et de vendre. Elles rationalisent et aplatissent également l'offre, pour aboutir finalement à des possibilités d'apprentissage conformiste par algorithmes. Les MOOCs (Massive open online courses) sont formidables, mais... La massification ne se limite pas à l'apprentissage à grande échelle, elle doit apporter également complexité et diversité 2 si elle est réalisée correctement.
L'apprentissage doit être personnel dans sa largeur, sa profondeur et son timing, surtout en ligne et pour un succès à long terme. L'expertise ne devrait pas être un gros mot 3 et nous devrions faire confiance à des personnes compétentes pour nous guider en ligne, plutôt qu'à des algorithmes. Les plateformes d'apprentissage en ligne doivent agir comme des experts indépendants et éclectiques. Elles peuvent travailler côte à côte avec l'intelligence artificielle avec une approche mixte.
disparus mais pas oubliés
Appliquons encore l'expérience de navigation étonnante de la librairie en ligne d'Andy Hunter. Elle reflète la joie de découvrir un nouveau livre dans une librairie physique, avec des experts qui y travaillent réellement, plutôt que des algorithmes, qui font la sélection.
La consommation de connaissances doit retrouver une touche humaine. Dans le monde réel, des personnes de confiance s'occupent de nos musées, galeries et festivals de musique. Pourquoi ne pas adopter la même approche pour le contenu créatif en ligne? Une curation humaine sincère et parfois risquée contribue certainement à créer un monde en ligne qui privilégie la qualité du contenu, sa diversité et son inclusion plutôt que la quantité de likes. Une planète éclectique et personnelle pour chacun de nous.
English version / Lisez la version française ci-dessus
This week, I stumbled over an Instagram post of Aaron Rose, an artistic hero of mine. He shared the videos he produced for MTV back in the last century’s nineties, featuring a live installation by Spencer Tunick and Harmony Korine’s first ever released short movie. It is quite unimaginable to find those advertising videos on teenagers‘ social media streams, let alone on television air, nowadays.
But why would that be the case? As digital possibilities to consume information and knowledge get vaster, the way these opportunities are curated and promoted lack more and more depth and a personal touch.
Algorithm is a dancer
Back in 2008, instead of trending flicks, Youtube showcased “Featured Videos”, which were originally selected by human editors. The platform said that “original work” was given the spotlight and that it favoured creators, while denying a “magic formula” that valued view counts et cetera. Seven years later the featured videos have been replaced by a trending tab, an algorithmically-generated, constantly updating list of popular videos ranked by view count and how quickly the video was generating views. Today humans only help to edit out inappropriate and misleading content. In early 2021, the eighth most popular video on the Youtube trending page sees a duo ask their followers to “comment below” six times in 22 minutes 4.
In addition to popularity trends, platforms, including some offering education, are also applying the algorithmical „Netflix or Amazon“ experience: You have just finished watching / buying / learning „Y“, why not have a look at „X“?
Just a little of that Human Touch
These approaches often force creators of content and providers of online education to do pretty much anything to grab the algorithms‘ attention in order to trend and sell. They also streamline and flatten the offer, finally resulting in algorithmically conformist learning opportunities. MOOCs (Massive open online courses) are great, but… Massiveness is more than learning at scale, it also brings complexity and diversity 5 if done correctly.
Learning needs to be personal in its broadness, depth and timing, especially online and for long term success. Expertise shouldn’t be a dirty word 6 and we should entrust knowledgeable individuals to guide us online, rather than algorithms. Online learning platforms need to act like independent, eclectic experts. They may work side-by-side with artificial intelligence with a “blended approach 7”.
Gone but not forgotten
Let’s further apply the amazing browsing experience of Andy Hunter‘s online bookstore. It mirrors the joy of discovering a new book in a physical bookshop, with experts in physical shops, rather than algorithms, doing the curating.
The consumption of knowledge needs to get more of the human touch again. In the real world, trusted individuals curate our museums, galleries and music festivals – why don’t we have the same approach to creative content online? Sincere and sometimes risky human curation certainly helps to create an online world that values quality of content, diversity and inclusivity over quantity of likes. An eclectic and personal planet for each and everyone of us.
Tait, 2021
Bayne et al, 2020
Bhaskar, 2016
Tait, 2021
Bayne et al, 2020
Bhaskar, 2016
ibid