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Version française / please read in English below
Je suis tombé sur des photos de la prison désaffectée de Presidio Modelo à Cuba. C'est aujourd'hui un musée et l'un des exemples les plus étonnants de l'architecture panoptique institutionnelle du milieu des années 1920.
Le panopticon est un type de système de contrôle totalitaire conçu par le philosophe et théoricien social anglais Jeremy Bentham au 18e siècle. Sa conception permet à tous les prisonniers d'une institution entière d'être observés par une seule personne, sans que les détenus puissent savoir s'ils sont observés ou non. L'architecture consiste en une rotonde avec une maison d'inspection en son centre, d'où le personnel peut observer les détenus.
Bien qu'il soit physiquement impossible pour un seul gardien d'observer toutes les cellules à la fois, le fait que les détenus ne puissent pas savoir quand ils sont surveillés les incite à agir comme s'ils étaient surveillés à tout moment.
La surveillance est dans la tête
Les images susmentionnées et le concept de surveillance totale qui y est lié m'ont fait réfléchir et m'ont rappelé un passage intéressant du "Manifesto for Teaching Online" de Bayne et al. Il y est dit que les universités et les tuteurs sont de plus en plus impliqués dans une culture de la surveillance. Un environnement dans lequel les gens participent activement à une tentative de régulation de leur propre surveillance, ainsi que de celle des autres, et qui diffère de ce que nous appelons la société de surveillance :
Une société de surveillance est comprise comme étant faite aux personnes par des agences (gouvernements, police ou employeurs). La culture de la surveillance, en revanche, se caractérise par l'attention portée au respect généralisé de la surveillance et à la manière dont les gens y participent, s'y engagent activement et l'initient eux-mêmes. Elle est étroitement liée à des concepts plus bénins tels que le partage, la sécurité et la transparence.
L'éducation à travers la méfiance
Pendant la crise sanitaire et son enseignement en ligne forcé, il est devenu clair que les examens numériques, ainsi que les stratégies d'évaluation innovantes et digitales n'étaient souvent pas en place. La transposition du statu quo dans un espace en ligne a donc soulevé de nombreux problèmes de plagiat et de tricherie en général.
Afin de contrer ou de résoudre ce problème, les administrations universitaires ont souvent ajouté des mécanismes de contrôle numérique, comme la mesure à distance des actions du clavier des étudiants, ainsi que des mouvements de leur tête et de leurs yeux via leur webcam. Un panopticon technologique d'éducation et d'évaluation, contrôlé depuis un bureau dans une université, par une machine. Ces décisions ont provoqué un climat étrange, qui s'est parfois terminé par des procès, dans lesquels les étudiants attaquaient les universités pour atteinte à la vie privée ou non-respect des contrats.
La course aux armes anti plagiat
Les idées contenues dans le manifeste mentionné remettent radicalement en question l'approche consistant à vérifier désespérément le plagiat par la technologie. Je suis d'accord avec le fait que la vérification préventive des travaux des étudiants pour d'éventuelles fautes académiques repose avant tout sur la méfiance envers les étudiants. Ils sont coupables jusqu'à ce qu'ils puissent prouver qu'ils sont innocents, une façon très étrange d'apprendre ou d'être neutre. Pendant le temps de l'enseignement à distance, les enseignants ont déployé beaucoup d'efforts dans une approche pédagogique de confiance et d'empathie afin de garder les étudiants engagés et positifs, juste pour mettre en péril cette relation par une culture de surveillance peu intelligente.
Plutôt que d'étendre constamment notre panopticon académique, nous devrions probablement introduire davantage de compétences liées à l'employabilité dans l'évaluation. Plutôt que de vérifier si les étudiants sont plagiaires ou de considérer la tricherie comme un problème, nous pourrions concevoir une évaluation qui demande aux étudiants davantage de compétences en matière de résolution de problèmes, n’est pas ?
Bon weekend…
English version / Lisez la version française ci-dessus
I came across pictures of the disused Presidio Modelo prison in Cuba. Now a museum and one of the amazing examples of institutional panopticon architecture of the mid 1920s.
The panopticon is a type of a totalitarian system of control designed by English philosopher and social theorist Jeremy Bentham in the 18th century. It’s design allows all prisoners of an entire institution to be observed by one single person, without the inmates being able to tell whether they are being watched or not. The architecture consists of a rotunda with an inspection house at its center, from where staff is able to watch the inmates.
Although it may be physically impossible for one single guard to observe all cells at once, the fact that the inmates cannot know when they are being watched means that they are motivated to act as though they are being watched at all times.
Surveillance happens in your head
The aforementioned pictures and the linked concept of total surveillance got me thinking and somehow reminded me of an interesting part in Bayne et al’s “Manifesto for Teaching Online”. It states that providers of higher education, academics and tutors are becoming more and more entangled in surveillance culture. An environment in which people do actively participate in an attempt to regulate their own surveillance, as well as the one of others and different from what we know as surveillance society:
A surveillance society is understood as being done to people by agencies (governments, police or employers). Surveillance culture, by contrast, is characterized by attention to widespread compliance with surveillance and the way people participate in, actively engage with and initiate it themselves. It is closely linked to more benign concepts such as sharing, safety and transparency.
Education as mistrust
During the sanitary crises and the forced online teaching, it became clear that digital submissions and innovative assessment strategies were often not in place. Transposing the status quo into an online space raised therefore quite a few issues around plagiarism and cheating in general.
In order to counter or resolve this issue, school administrations often added more digital control mechanisms, such as remotely measuring students keyboard actions, as well as their head and eye movement via their webcam. A technological education and assessment panopticon, controlled from an office in a university, by a machine. These decisions have caused a strange climate, that sometimes ended in court cases, in which students attacked universities for privacy infringement or fulfilment of contracts.
The anti plagiarism weapons race
Ideas in the mentioned manifesto radically question the approach of desperately checking for plagiarism through technology. I agree that preemptive checking of students’ work for possible academic misconduct is foremostly based on mistrusting students. They are guilty until they can prove to be innocent, a very strange way to learn or to be neutral. During the remote teaching emergency, tutors have put a lot of effort into a pedagogical approach of trust and empathy in order to keep students engaged and positive, just to possibly jeopardise this relation by unsmart surveillance culture.
Rather than steadily extending our academic panopticon, we should probably introduce more employability skills to assessment. Rather than checking students for plagiarism or seeing cheating as a problem, we could also design an assessment that asks students for more problem solving skills?
Happy weekend…